Texte de Christiane Laforge
lu à la présentation de Jean-Rock Gaudreault
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 15 juin 2013

«J’ai grandi dans une ville accrochée à son fjord, une cicatrice d’eau noire cernée par de vieilles montagnes arrondies qui faisaient s’élancer mon regard vers le ciel. Je suis de ce Québec-là qui s’est construit dans un esprit de résistance, tricoté serré de familles. Un Québec qui exagère chaque parole, qui n’a pas peur des mots […]. Je suis né au bout du monde avec le désir d’en explorer le reste…»

Ces mots, que Jean-Rock Gaudreault prête à son personnage Henri dans Une maison face au Nord, campent avec justesse un homme hors mesure. Un auteur dont les œuvres, qu’elles soient pour public adulte ou enfant, s’accrochent à notre mémoire par leur remarquable beauté du contenu comme de la forme. Pas étonnant que cet auteur cumule les prix les plus prestigieux : Premier prix au concours international d'écriture dramatique de Radio-France Internationale et Prix Rideau pour Mathieu trop court, François trop long, Prix du Gouverneur général du Canada pour Deux pas vers les étoiles. Pièce honorée par le prix Rideau Vox Pares et le Masque de la meilleure production de théâtre jeune public. Titre prémonitoire, alors que l’astronaute canadien Robert Thirsk a emporté Deux pas vers les étoiles dans son vol vers l’espace, rendant réel le rêve des personnages fictifs Junior et Cordelia. Traduites en anglais, en norvégien et en japonais, ses pièces ont été jouées en Asie, en Europe et aux États-Unis, notamment au New Victory Theater de New York, devenant le deuxième auteur québécois (après Gratien Gélinas) à être créé dans une salle de Broadway.

Depuis 1992, Jean-Rock Gaudreault a écrit et publié une vingtaine de textes dramatiques, pour la scène, la radio et la télévision, principalement aux Éditions Lansman et Dramaturges éditeurs. L’ensemble totalise plus de 1000 représentations, dont plusieurs mises en scènes par sa complice attitrée Jacinthe Potvin. Dès le Premier prix de 1996 au concours Depuis 1992, Jean-Rock Gaudreault a écrit et publié une vingtaine de textes dramatiques, pour la scène, la radio et la télévision, principalement aux Éditions Lansman et Dramaturges éditeurs. L’ensemble totalise plus de 1000 représentations, dont plusieurs mises en scène par sa complice attitrée Jacinthe Potvin. Dès le Premier prix de 1996 au concours Une scène pour la démocratie en Belgique, presque chacune de ses années est ponctuée par des honneurs pour l’un ou l’autre de ses textes. Reconnu par ses pairs, ce talentueux dramaturge est encensé par la critique. Cette étonnante unanimité découlerait-elle de ses origines?

Issu d’une région « où l’on s’enracine, qu’on a dans les veines, qu’on transporte en soi comme un précieux bagage, ces régions où l’on façonne des géants qui n’ont peur de rien » comme l’écrit Francine Turbide parlant d’Une maison face au Nord, Jean-Rock Gaudreault nourrit ses personnages de tout ce qu’il porte en lui. Un héritage plus que saguenéen, aux racines ancrées très profondément dans le temps et très loin du berceau de sa vie. En effet, Jean-Rock est de la 11e génération de Gilles Gautreau, parti de l’Île de Ré en Charente-Maritime pour le Nouveau Monde en 1665. Il est le fils de l’arrière-petit-fils d’une Innue. Il est né à Jonquière par la volonté de sa mère native d’Arvida qui, bien que demeurant sur la Côte de la Réserve à Chicoutimi, préférait un lieu connu d’elle pour son premier-né. «Est-ce pour cette raison que je suis habité des paradoxes qui m’ont mené à l’écriture? Questionne Jean-Rock. Qui sait?»

La rivière Saguenay coule dans le regard de l’écolier modèle passionné de lecture depuis 18 ans. Mais il doit pourtant s’exiler pour être, en 1993, diplômé en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada. C’est en suivant le fleuve Saint-Laurent, de Montréal à Québec, que l’écrivain se commet. Le dramaturge, qui affirme son intention d'écrire un théâtre accessible, en rupture avec les modes urbaines trop hermétiques, doit cependant cohabiter avec le directeur de la promotion et du partenariat à Compétences Québec où il travaille depuis 1997 dans le domaine de la formation de la main-d’œuvre. En 2003, il remonte le fleuve pour s’installer dans le vieux Greenfield Park avec sa femme Chantal Lapointe et leurs enfants Thomas et Béatrice.

Membre de conseils d’administration d’OSBL, conférencier lors de rencontres internationales et dans les universités, membre de jurys pour les conseils des Arts et le Centre des auteurs dramatiques, évaluateur invité à l’ONF, grand voyageur, Jean-Rock prône avec ardeur la démocratisation du théâtre, dénonce avec véhémence l’incompréhensible paradoxe québécois : «Nous avons développé un nombre impressionnant d’écoles de formation qui produisent des fournées de jeunes artistes. En parallèle, le temps alloué à la culture et à l’art dans nos écoles primaires et secondaires n’a cessé de diminuer ou d’être réformé de manière à rendre le contenu insignifiant.»

Homme de conviction, ouvert sur le monde, Jean-Rock Gaudreault s’investit dans chacun de ses personnages. À travers eux on découvre les rêves de l’enfant et les aspirations de l’homme fier d’appartenir à cette minorité, ce 2 % continental qui a su s’affirmer : «Ironiquement, dit-il nous avons perdu toutes nos batailles militaires, mais remporté celle de la survivance culturelle, la seule qui compte vraiment.» Fidèle à sa terre natale où, sachant ramer à contre-courant, il a voulu que soit créée Une maison face au Nord, la pièce de sa vie, il explique : «On m’a élevé de manière à ce que je n’oublie pas d’où je viens, en me faisant comprendre que partir n’était pas une excuse pour renier les siens.»

À cela, nous répondons que nous savons et sommes fiers qu’il soit des nôtres.


Le 15 juin 2013
JEAN-ROCK GAUDREAULT

Dramaturge, fier ambassadeur de sa région
Pour la qualité exceptionnelle de ses oeuvres

fut reçu membre de L’Ordre du Bleuet

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dimanche 21 avril 2013

Jean-Rock Gaudreault sur vidéo au Gala 2013


Quelques minutes pour se souvenir d'un grand moment



Gala 2013 de L'Ordre du Bleuet

Jean-Rock Gaudreault


        
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POURQUOI L'ORDRE DU BLEUET

L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage. La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.